Assurance-vie : pourquoi ne pas la fermer ? Les raisons à connaître

En 2023, près d’un Français sur trois a envisagé de fermer son assurance-vie. Pourtant, chaque rachat total rime avec une perte irrévocable : celle de l’antériorité fiscale, patiemment acquise année après année. À la clé, une fiscalité alourdie et des délais de traitement qui s’étirent, parfois au gré des banques. Les règles du jeu ont changé depuis l’instauration du prélèvement forfaitaire unique en 2018, et l’intérêt d’une fermeture doit désormais être scruté à la loupe. D’autant que plusieurs alternatives existent, souvent méconnues, qui permettent d’aménager son contrat sans en balayer tous les bénéfices. Retirer une partie des fonds, revoir la clause bénéficiaire : des options simples, mais souvent plus avisées.

Fermer son assurance-vie : une décision à ne pas prendre à la légère

Avant d’envoyer la moindre lettre de clôture, mieux vaut mesurer chaque conséquence. Couper court à son assurance-vie, c’est effacer d’un trait une antériorité fiscale parfois construite sur plus d’une décennie. L’abattement fiscal de 4 600 € pour une personne seule, ou 9 200 € pour un couple, tous deux obtenus après huit ans, disparaît du jour au lendemain. Résultat : l’imposition redevient plus lourde, sans la moindre compensation, tous les gains tombant sous le couperet du prélèvement forfaitaire unique.

L’assurance-vie ne résume pas à une classique enveloppe d’épargne. C’est aussi un outil souple, pensé pour transmettre un patrimoine de façon personnalisée, avec une clause bénéficiaire modulable selon les besoins. Ici, difficile de comparer à la rigidité d’un livret réglementé : fonds en euros, unités de compte, SCPI, cette diversité permet d’adapter la gestion à son profil, d’amortir les secousses des marchés en restant maître de la composition de son contrat. Autre détail à ne pas négliger : la provision pour participation aux bénéfices gérée par l’assureur, redistribuée de façon plus ou moins avantageuse selon les années.

Clôturer une assurance-vie, c’est aussi faire les comptes avec les frais : ceux de gestion, parfois ceux de clôture, auxquels peuvent s’ajouter des frais d’arbitrage. Une fois le contrat fermé, la protection prévue par la loi Sapin 2 en temps de crise disparaît elle aussi. Prendre conseil auprès d’un expert patrimonial permet fréquemment d’opter pour des pistes plus efficaces que la fermeture sèche : un rachat partiel, une mise à jour de la clause bénéficiaire, un choix pertinent de supports d’investissement. Autant de leviers qui laissent intact le bilan fiscal acquis au fil du temps.

Quels impacts fiscaux et patrimoniaux en cas de clôture ?

Mettre fin à une assurance-vie ne se limite pas à l’envoi d’un courrier. Cette décision enclenche une fiscalité immédiate : l’ensemble des intérêts générés deviennent imposables sur-le-champ. Racheter son contrat dans son intégralité fait disparaître l’intégralité de l’antériorité fiscale, ainsi que l’abattement annuel de 4 600 € ou 9 200 €, qui tombent en cas de clôture avant huit ans. Tous les gains repassent sous la coupe d’un prélèvement de 30 % ou, au choix, à l’impôt sur le revenu, le tout augmenté par les prélèvements sociaux. Le moteur fiscal de l’assurance-vie s’arrête net.

La durée de détention garde son influence. Fermer avant la huitième année, c’est voir fondre tout bénéfice fiscal, alors qu’un rachat partiel offre une porte de sortie sans toucher à l’ancienneté du contrat.

Côté patrimoine, toute la logique successorale s’écroule avec la fermeture : la clause bénéficiaire, si pratique pour transmettre hors succession classique, cesse d’exister, et les capitaux transmis se voient appliquer la fiscalité du droit commun, bien moins clémente que celle spécifique à l’assurance-vie (152 500 € d’exonération par personne pour les versements avant 70 ans, perdus d’un bloc).

Erreurs fréquentes et risques sous-estimés lors de la fermeture d’un contrat

Fermer une assurance-vie recèle son lot de chausse-trappes, souvent négligés par les souscripteurs. Voici quelques points de vigilance à garder en tête :

  • Les frais de clôture viennent parfois s’ajouter à ceux déjà tombés (entrée, gestion). Certains contrats anciens conservent même des pénalités, qui amputent le rendement final.
  • La provision pour participation aux bénéfices (PPB) accumulée sur les fonds en euros doit en principe être versée sur plusieurs années. Clôturer sans attendre peut vous faire passer à côté d’une partie de cette réserve, restée dans les fonds de l’assureur.
  • La clause bénéficiaire tombe avec le contrat : toutes stratégies de transmission spécifiques s’envolent, les sommes tombent alors sous le régime fiscal ordinaire, beaucoup moins avantageux.

Un risque supplémentaire plane en cas de contrat inactif : passé dix ans sans opération ni mouvement, les fonds non réclamés intègrent les comptes de la Caisse des dépôts, puis finissent par alimenter l’État après trente ans. Une perspective à éviter en surveillant de près la gestion de son contrat, en s’assurant qu’aucun oubli ne vienne ruiner des années d’efforts.

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Quelles alternatives pour optimiser son assurance-vie sans la clôturer ?

Il n’est pas nécessaire de tout casser pour améliorer la situation. L’assurance-vie offre de nombreuses possibilités pour optimiser rendement et fiscalité tout en conservant l’ancienneté du contrat. Privilégier les rachats partiels reste le réflexe le plus simple et souvent le plus astucieux : il devient possible de prélever une partie des fonds chaque année, tout en continuant à profiter de l’abattement fiscal (4 600 € pour un célibataire, 9 200 € pour un couple).

Pour dynamiser ou diversifier un contrat d’assurance-vie, plusieurs critères peuvent être envisagés :

  • Ajouter des unités de compte (UC) pour viser davantage de rendement, quitte à affronter plus de volatilité.
  • Investir dans des SCPI pour intégrer une dose d’immobilier : le rendement y avoisine 3,44 % en 2024, ce qui attire les épargnants à la recherche d’alternatives.
  • Garder une ligne de fonds en euros qui garantit la sécurité du capital, même si leur rendement se tasse d’année en année.

Autres leviers à activer

Pour aller plus loin dans l’optimisation, certains axes méritent toute l’attention :

  • Gestion pilotée : déléguer la gestion du contrat à une équipe spécialisée, qui adapte la stratégie selon la conjoncture des marchés. Une bonne piste pour qui veut s’exposer sans surveiller au jour le jour.
  • Arbitrages internes : rééquilibrer à volonté les montants entre les fonds euros, unités de compte ou SCPI pour coller à l’évolution de son profil ou du contexte économique.
  • Modifier la clause bénéficiaire : ajuster sa stratégie de transmission n’impose pas de toucher au reste du contrat. Ce paramètre reste accessible tout au long de la vie du placement.

Le PER (Plan d’Épargne Retraite) complète l’arsenal, proposant des avantages propres à la préparation de la retraite, une fiscalité différée, et une nouvelle enveloppe patrimoniale complémentaire à l’assurance-vie.

Tourner la page de son assurance-vie sans réfléchir, c’est balayer d’un revers des années d’efforts et de privilèges. Quand d’autres routes s’offrent à vous, pourquoi prendre le risque de la fermeture? Autant garder la main, explorer ses options et transformer son contrat en allié sur la durée.

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