Les juifs les plus riches du monde et leur influence économique

En 2023, dix des cent plus grandes fortunes mondiales affichent une ascendance juive, selon le classement Forbes. Malgré une présence démographique minoritaire à l’échelle planétaire, ces figures dominent des secteurs stratégiques comme la finance, la technologie ou les médias.

La concentration de capitaux et la réussite entrepreneuriale de ces personnalités s’accompagnent d’interprétations contradictoires, entre admiration pour l’innovation et persistance de stéréotypes économiques. Les trajectoires individuelles révèlent un entrelacement complexe entre histoire, réseaux internationaux et dynamiques de mobilité sociale.

Des racines historiques à l’essor économique : comprendre la place des Juifs dans l’économie mondiale

Difficile de dissocier l’épopée économique juive d’une histoire marquée par l’exil, la contrainte et la débrouillardise. Au fil des siècles, les marchands juifs ont su trouver leur place là où d’autres les refusaient, que ce soit à Bordeaux, Lisbonne ou Amsterdam, imposant leur présence dans les grandes routes commerciales de l’Europe médiévale. Exclues de nombreuses corporations, ces familles se sont tournées vers le commerce, la finance, parfois l’artisanat de luxe, autant de secteurs où les barrières étaient moins hautes et où l’agilité était une question de survie.

L’invention de la lettre de change, souvent associée à tort à une initiative spécifiquement juive, reste un symbole de cette capacité à fluidifier les échanges et à sécuriser le crédit au sein de réseaux dispersés mais solidaires. Francesca Trivellato, historienne, nuance la légende : si l’instrument n’est pas une exclusivité juive, leur rôle dans sa diffusion et son adaptation fut déterminant.

Au XIXe siècle, l’exemple des Rothschild, devenus banquiers centraux des plus grandes places européennes, incarne le passage de l’intermédiation à la pleine maîtrise du capital industriel et financier. Les héritiers de ces dynasties ne se contentent plus d’occuper les marges : ils investissent dans la technologie, la cybersécurité ou le cloud, s’imposant comme figures incontournables du capitalisme mondial.

À travers quelques exemples, on mesure l’étendue de cette influence :

  • Eyal Ofer dirige Ofer Global, acteur de poids dans le transport maritime et l’immobilier.
  • Idan Ofer a fondé Quantum Pacific Group et détient des parts majeures dans Kenon Holdings ou ICL Group.
  • Les frères Bukhman ont bâti Playrix, une référence internationale dans le secteur du jeu vidéo.
  • Teddy Sagi, créateur de Playtech, investit lourdement dans la tech et l’immobilier.

Cette diversité sectorielle n’est pas le fruit du hasard. Elle s’explique par une culture de l’adaptation, du rebond, et une transmission familiale solide. Le dynamisme de la high-tech israélienne, illustré par des entreprises comme Wiz en cybersécurité ou Playrix dans le gaming, propulse de nouveaux visages au sommet. Ce mouvement s’inscrit dans une tradition longue d’innovation, de mobilité et de résilience.

Pourquoi la réussite financière des Juifs suscite-t-elle autant de mythes et de débats ?

À chaque publication de classement Forbes, le débat ressurgit : la réussite impressionnante de quelques figures juives fascine, agace, ou dérange. Les réseaux sociaux s’emballent, les clichés circulent. Depuis plus d’un siècle, l’ascension de familles comme les Rothschild a servi de point d’ancrage à des théories fumeuses sur une supposée mainmise sur l’économie mondiale. Des penseurs comme Marx ou Weber, mais aussi une littérature antisémite persistante, ont alimenté la croyance en un lien naturel entre richesse et judéité. Pourtant, la réalité contredit largement ce récit.

La majorité des Juifs dans le monde ne possède ni empire, ni patrimoine spectaculaire. Quelques dons spectaculaires ou engagements philanthropiques, comme ceux de Michael Bloomberg ou de Miriam Adelson, deviennent parfois prétexte à relancer des soupçons d’agenda caché. Larry Ellison, par exemple, soutient Friends of the IDF ; Miriam Adelson investit massivement dans la recherche médicale et des causes israéliennes. Mais réduire ces parcours à une stratégie collective relève d’une erreur manifeste.

Quelques précisions sont nécessaires pour remettre les pendules à l’heure :

  • La grande majorité des Juifs n’a pas accès à des capitaux significatifs.
  • Les personnalités en vue, de Michael Dell à Jan Koum, viennent d’horizons souvent marqués par l’exil, l’obstacle ou la reconstruction.
  • L’implication des communautés juives dans l’économie s’explique par l’histoire et les circonstances, non par une volonté unique ou concertée.

La persistance de l’antisémitisme, la mémoire de la Shoah et la viralité des stéréotypes sur Internet entretiennent ces débats. Le succès de quelques-uns ne doit pas masquer la pluralité des trajectoires, ni la vulnérabilité qui demeure une réalité pour une grande partie de la communauté.

Bibliotheque élégante avec décor étoile de David dans une pièce lumineuse

Portraits et parcours de quelques figures juives parmi les plus influentes de la sphère économique

Dans le vaste paysage entrepreneurial, certains parcours captent l’attention par leur ampleur et leur singularité. Eyal Ofer, à la tête d’Ofer Global, oriente un conglomérat familial qui rayonne dans le transport maritime, l’immobilier, l’industrie. Son patronyme s’affiche sur les façades de musées à Londres ou à Tel Aviv, fruit d’un mécénat culturel affirmé. Idan Ofer, son frère, pilote Quantum Pacific Group et détient des participations dans Israel Corporation, ICL Group ou Kenon Holdings. Passionné de football, il siège aussi à la direction de clubs européens. Ces destins croisent la logique de diversification et de transmission du patrimoine.

Dans la technologie, les frères Igor et Dmitri Bukhman incarnent une réussite discrète mais éclatante avec Playrix, éditeur de jeux vidéo de premier plan. Leur trajectoire, du lancement en Russie jusqu’à l’implantation européenne, illustre la capacité à se réinventer au fil des frontières. Avec Rix Capital, ils gèrent leur fortune avec une prudence toute stratégique. Teddy Sagi, quant à lui, a fondé Playtech, investi dans la fintech, la cybersécurité et possède même le célèbre Camden Market à Londres. Mobilité et flair pour l’investissement dessinent le portrait de cette nouvelle génération de capitalistes globaux.

Aux États-Unis, la puissance des pionniers technologiques force le respect. Michael Dell (Dell Technologies), Larry Ellison (Oracle), Marc Benioff (Salesforce), Michael Bloomberg (Bloomberg LP) occupent le devant de la scène économique tout en s’engageant dans des actions philanthropiques de grande envergure. Jan Koum, fondateur de WhatsApp, symbolise l’ascension fulgurante, doublée d’un investissement personnel dans de multiples causes. Miriam Adelson, à la tête de l’empire Las Vegas Sands, investit aussi bien dans le secteur hospitalier que dans le sport professionnel.

Trois traits dominent dans ces parcours :

  • Innovation technologique
  • Transmission familiale et diversification
  • Engagement philanthropique transnational

Ces trajectoires dessinent une mosaïque où l’adaptabilité, l’audace et la capacité à créer du lien entre les continents restent les véritables moteurs du succès. Si les projecteurs se braquent sur quelques grandes fortunes, l’histoire, elle, continue de s’écrire dans la diversité des expériences, sur tous les terrains de l’économie globale.

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